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Document – L’Empire et les classes laborieuses

L’originalité et l’honneur du second Empire, ce sont les efforts accomplis en vue d’améliorer les conditions d’existence des classes laborieuses. Le rôle de Napoléon III fut ici particulièrement actif : là seulement, et dans la politique étrangère jusqu’en 1860 [Guerre de Crimée, etc. !…], il a pleinement agi de lui-même. Dans cette figure indécise, deux traits apparaissent seuls avec netteté : un sincère amour de l’humanité, et une générosité d’instinct, qui ont porté l’Empereur à vouloir soutenir ceux qui peinent et qui souffrent. De là, pour secourir les malades indigents, la multiplication des hôpitaux et des maisons de convalescence, une première organisation, par l’institution des médecins cantonaux, d’un service d’assistance médicale et de distribution gratuite de médicaments. De là les encouragements aux sociétés de secours mutuels ; la création sous la garantie de l’État d’une Caisse des retraites pour la vieillesse (1850), complétée par une Caisse d’assurances en cas d’accidents et en cas de décès (1868) ; la fondation de la Caisse du Prince Impérial, qui avançait de l’argent aux ouvriers pour l’achat de leurs outils.

La mesure capitale fut, en 1864, le vote de la loi sur le droit de coalition. La Révolution avait interdit sous des peines rigoureuses les coalitions, c’est-à-dire les ententes entre ouvriers en vue d’obtenir des patrons une augmentation des salaires ou des conditions de travail plus avantageuses ; la grève était un délit puni par le Code. À partir de 1864, la grève devint légale. Nulle mesure ne fut plus utile pour les ouvriers et n’eut pour eux de plus grandes conséquences ; c’est par l’exercice du droit de grève qu’ils ont conquis un meilleur sort.

Des travaux d’utilité générale entrepris par toute la France furent encore une façon de venir en aide aux ouvriers. Les plus importants de ces travaux furent les constructions de chemins de fer et la transformation de Paris. Le réseau ferré, commencé en 1842, ne mesurait pas 3 400 kilomètres en 1851. Plus de 15 000 kilomètres furent construits avant 1870.

À Paris, sous l’administration du baron Haussmann, préfet de la Seine pendant seize ans (1853-1869), les vieux quartiers furent éventrés ; on y perça de vastes boulevards et de larges rues rectilignes, boulevards Saint-Germain, Saint-Michel, Sébastopol, Strasbourg, Magenta, Richard-Lenoir, Prince-Eugène – aujourd’hui boulevard Voltaire –, rue de Rivoli, rue Turbigo, rue La Fayette, etc., grandes voies de circulation qui assainirent la ville, mais aussi grandes voies stratégiques où les barricades devenaient impossibles, parce que l’artillerie y pouvait tirer comme en rase campagne. On creusa 800 000 mètres d’égouts ; on amena dans d’énormes réservoirs les eaux de deux rivières, la Vanne et la Dhuys. On transforma en parcs les bois de Boulogne et de Vincennes, les carrières des Buttes-Chaumont, etc. On acheva la jonction du Louvre aux Tuileries, et l’on eut ainsi le plus magnifique ensemble de palais qui soit en Europe. On construisit les Halles centrales, des marchés, des églises, Saint-Augustin, la Trinité, Sainte-Clotilde, des hôpitaux, Lariboisière, l’Hôtel-Dieu, des théâtres, des casernes, casernes de la Cité, du Château-d’Eau, etc., vraies citadelles, complétant le système de défense contre l’émeute, dont les boulevards étaient le premier élément. Enfin, en 1860, on doubla l’étendue de Paris en rasant l’ancien mur des Fermiers généraux, qu’on remplaça par d’énormes boulevards circulaires, et en annexant les petites villes Auteuil, Passy, Montmartre, La Villette, Belleville, Mont-rouge, Vaugirard, Grenelle, etc., comprises entre ces boulevards et l’enceinte bastionnée créée sous Louis-Philippe après l’alerte de 1840. Dans les départements, Lille, Lyon, Bordeaux, Marseille furent transformés comme Paris.

Histoire universelle d’Albert Malet, Hachette, 1924

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