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Citations – Auguste Comte

• Auguste Comte (1798-1857) :

“Quoique j’aie, depuis longtemps, repoussé formellement toute solidarité, soit dogmatique, soit historique, entre le vrai positivisme et ce qu’on nomme l’athéisme, je dois ici indiquer encore, sur cette fausse appréciation, quelques éclaircissements sommaires, mais directs.

Le véritable esprit positif est incompatible avec les orgueilleuses rêveries d’un ténébreux athéisme.

Quoique l’ordre naturel soit, à tous égards, très imparfait, sa production se concilierait beaucoup mieux avec la supposition d’une volonté intelligente qu’avec celle d’un aveugle mécanisme. Les athées persistants peuvent donc être regardés comme les plus inconséquents des théologiens, puisqu’ils poursuivent les mêmes questions en rejetant l’unique méthode qui s’y adapte.

Aussi le pur athéisme est-il même aujourd’hui fort exceptionnel : le plus souvent on qualifie ainsi un état de panthéisme, qui n’est, au fond, qu’une rétrogradation doctorale vers un fétichisme vague et abstrait.

Il se combine le plus souvent avec les dangereuses utopies.

En politique, il tend directement à rendre indéfinie la situation révolutionnaire, par la haine aveugle qu’il inspire envers l’ensemble du passé, dont il empêche toute explication vraiment positive, propre à nous dévoiler l’avenir humain.

la caducité du régime ancien ne laisse plus aucun doute essentiel sur l’urgence de la régénération. La persistance anarchique, caractérisée surtout par l’athéisme, constitue désormais une disposition plus défavorable à l’esprit organique, qui devrait déjà prévaloir, que ne peut l’être une sincère prolongation des anciennes habitudes.

Au lieu de cette salutaire émulation, le positivisme ne pourra recevoir qu’une stérile réaction de l’opposition spontanée que lui présente aujourd’hui l’athéisme (…).

Loin de compter sur l’appui des athées actuels, le positivisme doit donc y trouver des adversaires naturels (…).”

Auguste Comte, Discours sur l’ensemble du positivisme, juillet 1848

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• Professeur Debray – 2003 :

“Je poursuis la démarche d’Auguste Comte, mon seul maître en philosophie. Tout athée qu’il fût, il prenait la vierge Marie très au sérieux. C’est aussi mon cas.

Ce bon mathématicien avait compris qu’il n’est pas de société qui ne marche à la croyance, et que la science n’en viendra jamais à bout. Le mystère religieux est, au fond, celui de l’être-ensemble.”

Régis Debray, Le Figaro Magazine, 8 novembre 2003

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• Dossiers secrets de l’Histoire – 2002 :

Brillant mathématicien, astronome, sociologue – c’est d’ailleurs lui qui invente cette science – et surtout philosophe, Auguste Comte est une des grandes figures qui marqua la pensée du 19ème et du 20ème siècle. Fondamentalement opposé à la démocratie, il prôna l’émergence d’une société dictatoriale gouvernée par les “producteurs” et les “banquiers”. Loin de se limiter à la politique ou à la sociologie, son influence se retrouve également chez l’historien Taine, chez Renan ou Claude Bernard et ses théories furent largement à l’origine du courantscientiste” du 19ème siècle. Pourtant, quand il meurt le 5 septembre 1857, c’est dans la pauvreté et l’anonymat.

Dossiers secrets de l’Histoire n° 42, septembre 2002

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• Jules Ferry – 1867, 1875 :

Morale théologique, morale positive, il faut choisir. Le choix est à moitié imposé, il faut le dire tout d’abord par les circonstances elles-mêmes et par ce que nous voyons tous les jours.”

Jules Ferry, 1875

“C’est aux lumières qu’elle répand sur les principales difficultés sociales du temps présent que la philosophie positive a dû ses principales conquêtes.

Peu écoutée au milieu des orages et des incohérences de la période révolutionnaire, la doctrine d’Auguste Comte fit son chemin dans le grand silence qui suivit. C’est quelque chose, d’apporter avec soi la théorie du progrès. Une philosophie politique était indispensable. Celle d’Auguste Comte répondait mieux qu’aucune autre aux conditions du problème.

Il me souvient de l’effet immense produit, dans cette crise morale, par la lecture du Discours sur l’ensemble du positivisme. Ces pages qui avaient posé, dans la Fièvre de 1848, les conditions rationnelles du problème social, restaient, au milieu du désarroi général qui avait suivi, avec leur haute et rassurante sérénité.

De ce jour, nous avons su qu’il existe un art social, également distinct de l’observation impassible des économistes, satisfaits de décrire et voués au fatalisme, et de l’utopie irrationnelle et maladive qui caractérise la plupart des écoles socialistes. Les phénomènes sociaux ne sont point indéfiniment modifiables ; ils ont leur permanence, leur stabilité, leur fatalité. Mais les phénomènes sociaux ne sont non plus immuables et incorrigibles et seul l’État positif ayant admis ces phénomènes, peut en corriger les excès.

Jules Ferry, 1867

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• Larousse – 1869 :

Le côté faible du positivisme, cette doctrine, d’ailleurs puissante et vivace, c’est l’exclusion mal justifiée qu’elle donne à l’absolu.

On peut nier les applications de la métaphysique aux choses de la vie sociale, on ne peut prétendre les exclure des méditations philosophiques.

Le positivisme est donc, avant tout, une excommunication de la religion et de la philosophie, éliminées, répudiées péremptoirement, comme étrangères ou comme malsaines à l’esprit humain.

Ainsi, le positivisme, supprimant les questions relatives à notre fin et à notre origine, n’est essentiellement ni matérialiste ni athée ; mais il proclame bien haut l’impuissance de l’esprit humain à pénétrer dans le domaine des notions absolues. Il ne dit pas : “Dieu n’existe pas, l’âme est matérielle et périssable” mais il dit : “Nous ne pouvons rien savoir sur Dieu, sur la nature essentielle de l’âme.”

Quant au fondement de la morale, Auguste Comte le trouve dans la force de certains sentiments qu’il appelle altruistes, et dont le développement de plus en plus général doit résulter d’un système très-empirique d’institutions sociales qui prennent l’homme à sa naissance pour le suivre et le diriger dans toutes les phases successives de sa vie.

À ce point de vue, la philosophie positive prend tous les caractères d’une véritable religion, et d’une religion qui n’est exempte ni d’exaltation quelque peu fanatique ni de bizarreries quelquefois choquantes.

Larousse, 1869

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• Soheib Bencheikh – 1998 :

La laïcité, “otage” du positivisme ?

La grande corruption de la laïcité en France n’est pas le fait qu’on la présente comme une philosophie, mais plutôt comme une philosophie militante, dogmatique et dominée par le positivisme.

En première analyse, le positivisme ne peut être qualifié de philosophie areligieuse. Au contraire, il reconnaît la religion, l’intègre et même la félicite pour son rôle unificateur au sein de la société. Cependant, il a une idée précise de la religion. Le positivisme remplacera la religion dans ce qu’on peut reconnaître en elle de bienfait social et individuel : l’unification du groupe et l’apaisement des esprits interrogateurs.

Malgré la complexité de la philosophie positiviste, il est indispensable de la présenter rapidement, puisqu’elle a été, et durant plusieurs décennies, assimilée à tort à la laïcité.

Cette philosophie a puisé ses racines dans la Révolution française, notamment dans la pensée de Condorcet, “l’illustre prédécesseur”, comme le nommait Auguste Comte lui-même. Jules Ferry, positiviste convaincu, fut le réalisateur de cette philosophie ; Émile Durkheim, fondateur de la sociologie en France, en fut le théoricien reconnu.

Le positivisme est né en 1844 avec le Discours sur l’esprit positif d’Auguste Comte, qui retient de Condorcet l’hypothèse selon laquelle l’humanité passe, comme tout être, de l’enfance à la maturité. Comte affirme que le fonctionnement des sociétés exige une “unité mentale” pour concevoir les phénomènes et les expliquer. Il présente ce qu’il appelle “la loi des trois états”.

L’“unité mentale” d’une société fondée sur les sciences positives, expression inventée par Auguste Comte et théorisée par Durkheim, présente une faille décisive. Étant une élaboration scientifique, elle n’a pas le moindre mystère. Cette remarque ne cherche pas à évaluer la philosophie positiviste (philosophie profonde et ambitieuse) ou à la critiquer. Ma critique vise seulement sa parenté à l’idée laïque.

Car l’identification du positivisme à la laïcité nous éloigne de la neutralité de l’État, de la séparationà l’amiabledu spirituel et du temporel, et de l’établissement de la liberté religieuse, celle des “amis de la liberté” de la Révolution française.

Soheib Bencheikh, Marianne et le Prophète, 1998

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Nous vous rappelons que nous vivons en pays occupé :

"Les murs ont des oreilles...".