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Presse – Blondel (FO) : “La RTT s’est faite sur le dos des salariés”

“Les 35 heures n’ont jamais été
une revendication des salariés.

C’était plus une revendication de
l’appareil syndical que des salariés.”

Social : Le secrétaire général de Force Ouvrière critique les lois Aubry.

Le secrétaire général de FO qualifie de “folie” le “calcul d’énarques” sur lequel reposent les lois Aubry. Selon lui, les 35 heures ne seraient un “acquis social” que si elles s’accompagnaient de hausses de salaires.

Le Figaro : Quel bilan faites-vous aujourd’hui de la mise en place des 35 heures ?

Blondel : Les patrons ont utilisé les 35 heures pour augmenter les gains de productivité. Quant aux salariés, ceux qui en ont bénéficié le plus sont cadres, qui ont modifié leur façon de vivre. Ce n’est pas le type qui gagne le SMIC qui peut s’en aller en week-end avec ses RTT !

Ce sont les salariés qui se sont payés les 35 heures. Pour obtenir les aides gouvernementales, les patrons ont signé des accords qui comprenaient notamment la modération salariale, la remise en cause des pauses, (…), la flexibilité, etc.

Tout cela s’est fait sur le dos de salariés.

Considérez-vous néanmoins, comme Jean-Louis Debré, que les 35 heures sont un acquis social ?

La réduction du temps de travail va dans le sens de l’Histoire. C’est par définition un acquis. Mais compte tenu de la part prépondérante qu’ont dû prendre les salariés dans sa réalisation, ce qui était normalement un acquis a été perçu comme une contrainte.

Selon vous, les salariés sont-ils aujourd’hui en majorité satisfaits des 35 heures ?

Là-dessus, il faut être clair : les 35 heures n’ont jamais été une revendication des salariés. Quand je les ai défendues en février 1995 auprès du président du CNPF, Jean Gandois, c’était plus une revendication de l’appareil syndical que des salariés. Je ne suis pas un fanatique du partage du travail. J’ai même contesté immédiatement l’hypothèse arithmétique selon laquelle la réduction du temps de travail se traduirait par des créations d’emplois. Cet espèce de calcul d’énarques était une folie ! Une entreprise peut parfaitement perfectionner son appareil de production pour économiser cinq ou dix salaires. Seule la croissance peut créer du travail. Mais je souhaitais que tous les leviers soient utilisés pour éviter d’aboutir aux forts taux de chômage que nous connaissons aujourd’hui.

Comment faire pour aider les salariés à éviter les inconvénients des 35 heures ?

Il n’y a qu’une solution, augmenter les salaires. Je rappelle qu’en 20 ans, leur valeur relative a baissé. En 1982, 25 % de la valeur ajoutée produite était affectée au profit, en 2002 c’est 31,6 %. Cela s’est fait au détriment des salaires. Il faut redonner la possibilité de négocier par branche. C’est l’évolution des salaires conventionnels par branches qui augmente les salaires dans toute l’entreprise.

Comment les PME, dont les marges ont diminué du fait des 35 heures, pourraient-elles financer de telles hausses ?

C’est aux entreprises d’apporter une réponse à cette question.

Approuvez-vous l’idée de créer une commission d’enquête parlementaire pour évaluer les conséquences des lois Aubry ?

Oui, je suis pour, mais c’est un travail de Titan, parce que la RTT a eu des conséquences multiples dans des domaines très divers. Combien d’emplois a-t-elle réellement créés ? À quel prix ? Dans quelle mesure les week-end que les cadres se sont offerts ont-ils bénéficié au tourisme et à l’hôtellerie ? Il faudrait vingt-cinq commissions d’enquête pour arriver à le déterminer !

Peut-on limiter les effets néfastes des 35 heures par le dialogue social ?

Il n’y a pas de dialogue social ! C’est la plus belle fumisterie du gouvernement. C’est un élément de communication. Il parle, mais il n’écoute pas, il ne négocie pas, comme on l’a vu avec les retraites. Et il veut refaire le même coup avec les 35 heures, en en profitant au passage pour se dégager de ses responsabilités, puisqu’il laisse supposer que la situation économique du pays est la conséquence de la gestion du gouvernement précédent.

Ce n’est pas le gouvernement Raffarin qui a relancé le débat, c’est le député Réformateur Hervé Novelli…

Alors le gouvernement a bien de la chance. François Fillon peut être heureux. Ça va lui permettre de revenir sur ce que l’on appelle le “principe de faveur” dans la loi qu’il prépare pour novembre. Jusqu’à présent, les négociations dans les entreprises ne pouvaient primer sur la loi que lorsque leurs conclusions étaient plus favorables aux salariés. En clair, les patrons pouvaient décider de négocier 32 heures, par exemple, mais pas 39. En supprimant ce principe de faveur, François Fillon va bloquer le dialogue social.

Le Figaro, 30 septembre 2003

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