Religion Marxiste

La Religion Marxiste

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Église Réaliste - janvier 2004

Marx devint "marxiste" fin 1843. Il produisit, avec Engels, le Manifeste Communiste fin 1847. À la même époque, en réponse au défi que représente la "Question Sociale", une Caste Barbare à l'extrême, ne professant que la haine de la Masse populaire et de la Civilisation, s'empare du pouvoir à Londres et à Paris.

C'est une Secte Païenne au dernier degré, prêchant l'Agnosticisme, qui orchestre théoriquement la pratique totalitaire de la Caste ; cette même secte qui hurle depuis 150 ans : le Marxisme est une Religion !

Et alors ? Faut-il s'en défendre ? En vérité, la bonne réponse est la suivante : il est plus que temps à présent que les Guides du peuple assument cette belle insulte !

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Oui, le Marxisme est une religion ! Encore faut-il établir la chose avec une rigueur intellectuelle qui n'est pas le fort des gnomes cérébraux du paganisme intégral. Apprenez donc ce qui suit, messieurs les Grands Inquisiteurs, démagogues obscurantistes :

• Primo, le Marxisme n'a pu être "une" religion au sens strict, mais seulement "religieux" en général ; ceci pour la bonne raison que, de même qu'il n'y eut qu'un seul Dieu, il n'y eut jamais réellement qu'une Religion.

• Secundo, le Marxisme n'appartint pas de plein droit à cette Religion, qui s'est toujours reconnue exclusivement sous la forme de l'Orthodoxie, alors que la religiosité marxiste fut une Hérésie Panthéiste[1].

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La seule question vraiment digne d'intérêt philosophique, concernant la religiosité marxiste est donc la suivante : comment se fait-il que, d'une manière complètement atypique, l'Orthodoxie religieuse traditionnelle ait pu se trouver totalement disqualifiée, ne laissant plus d'autre légitimité possible qu'à l'hérésie Panthéiste ? La réponse à cette question est historique.

Le fait décisif fut la relation directe qui s'établit entre le précédent du mouvement qui accusait les Privilèges de l'Ancien Régime, et la mise à jour toujours plus aiguë de la Question Sociale, suite à l'abolition de ces mêmes privilèges. La Révolution Française se déclara avec la "Grande Peur" des Sans-Culottes des villes et des campagnes, entraînant le Jacobinisme incontrôlable de Robespierre et Napoléon. Cette fois, la Panique du pouvoir établit visait l'agitation croissante des Prolétaires en faveur du Socialisme Démocratique.

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Telle fut la circonstance qui provoqua la Démission générale, et voulue irréversible, de l'Orthodoxie religieuse, dont les représentants se muèrent en apôtres du Paganisme intégral. Cette conversion ne se fit pas en un seul jet, mais mit 50 ans à prendre forme. Le paganisme d'abord "rampant", et dominé par des Ci-Devant (réactionnaires d'Ancien Régime), devint "déclaré" et pris en main par des Ci-Après, dès le tournant de 1815, à l'abri de la Sainte Alliance. Les Ci-Devant parlaient de Monarchie légitime et de Tradition sainte ; les Ci-Après ne parlèrent plus que d'État de Droit, d'Ordre et de Progrès.

On peut noter que la constitution "définitive" du Paganisme dominant se précipita à partir de 1830. Dans l'exemple français, cette date est celle des Trois Glorieuses (révolution de Juillet). Immédiatement après, on eut les "lois de Septembre" (1835) liberticides. Le Paganisme s'établit sur toute la ligne avec le massacre des Quarantuitards (juin 1848), qui portait au pinacle les deux chantres de l'Anti-Religion : Comte et Proudhon.

Alors, toutes les branches de l'arbre de la religion gisèrent dans la fange du Paganisme : les Idéalistes devenaient Cléricaux, les Empiristes devenaient prétendus Libres-penseurs, les Mystiques devenaient Occultistes et les Athées devenaient Cyniques.

Oui, sous la domination Païenne complète et officielle, nulle autre autorité que celle du Panthéisme intégral ne pouvait sauver l'honneur de la civilisation spiritualiste.

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Une fois le cadre bien posé, qui légitime fondamentalement l'hégémonie spirituelle "exceptionnelle" du Panthéisme, l'examen particulier de l'hérésie marxiste peut commencer. Deux remarques sont maintenant nécessaires :

1- Le Marxisme surgit quand la Secte païenne peut exercer ses méfaits sous le règne assuré désormais de la Caste barbare. Le panthéisme ne se trouve plus du tout dans l'ambiance antérieure, formellement civilisée, qui a basculé entre 1835 et 1845. Par suite, il ne peut plus être question de prêches Philanthropiques en faveur du Socialisme, mais de renouer sans complexe avec la tradition Révolutionnaire dont se prévaut la bourgeoisie elle-même. Avant 1840, seuls les panthéistes "politiques", les Démocrates, préconisaient la violence ; les Carbonari d'abord et les Blanquistes ensuite (Société des Saisons) : maintenant les Socialistes s'y rallient.

2- Qu'entend-t-on par Panthéisme ? Que ce soit dans l'ambiance civilisée ou sous le joug barbare, le Panthéisme comprend deux écoles contraires qu'il faut bien distinguer : l'une est "spéculative", celle que Marx appelle Idéaliste, et l'autre est "sensualiste", celle que Marx appelle Matérialiste. L'école Spéculative a donné de grands maîtres depuis 1795 ; il n'est que de citer Godwin, Saint Simon et Pierre Leroux. Marx se voudra de l'école Sensualiste.

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Le Marxisme est une hérésie panthéiste de type Sensualiste, ce que les Théologiens catholiques appelaient une hérésie "judaïsante". De plus, l'hérésie judaïsante de Marx est très particulière :

• En THÉORIE, le marxisme conforte l'Empirisme philosophique d'Helvétius au moyen de la science économique de Ricardo ;

• Le PROGRAMME du marxisme appuie le but final Communiste de Babeuf avec l'expérience concrète de colonie modèle fournie par Owen ;

• La STRATÉGIE du marxisme rappelle le modèle des Montagnards de l'An II (1793-1794) comme ce qui manqua au mouvement des Chartists anglais en 1839, c'est-à-dire à l'action nationale d'un Syndicat de Salariés.

Ce système complet qu'est le panthéisme sensualiste de Marx réclame nécessairement une Logique Mystique : c'est la fameuse Dialectique de Hegel "retournée" ; chez Hegel, le développement temporel du Monde était une illustration savante et complète de la pensée contradictoire de l'Esprit éternel ; chez Marx, le mouvement contradictoire inhérent à la Matière éternelle donne une direction nécessaire à l'action perpétuelle que le Monde temporel nous propose de mener.

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Qu'était la situation véritable de l'Occident il y a 150 ans, devant inévitablement entraîner celle de l'ensemble de la planète, et la véritable signification que prend alors l'avènement du Marxisme ? Deux choses doivent être soulignées :

1- Le Paganisme général et se voulant définitif, se trouve aux commandes idéologiques de la société. Cela signifie, selon le schéma antérieur désormais proscrit, que sous couvert d'Agnosticisme, Dieu est mis violemment sous la coupe de Satan ; c'est le Diable qui est déclaré véritablement Transcendant, tandis que Dieu est qualifié de "Prince Mauvais de ce monde", manière de déclarer la guerre inexpiable à la "Métaphysique", ce maudit virus civilisé qui a "malheureusement" contaminé à jamais la Masse Populaire, méritant pour cela d'être officiellement regardée comme "l'ennemi de l'intérieur" jusqu'à la consommation des siècles.

Pouvait-on imaginer que, après 25 siècles de civilisation religieuse, un Panthéisme de combat, incontestablement légitime, ne se fasse pas la tête de la Résistance anti-barbare ? (En effet, il ne s'agissait pas seulement de défier dans le paganisme l'Obscurantisme révoltant d'avant 1840, mais aussi la Persécution désormais déchaînée et, comble de l'insolence, au nom même des Lumières et de la Tolérance "laïque".) C'est le contraire qui était impossible !

2- L'hérésie panthéiste Sensualiste que représente le Marxisme, décidée dès 1845, devait conquérir une position incomparable dans la résistance à la barbarie païenne ; et ceci sans refuser pratiquement le concours de l'hérésie concurrente du panthéisme Spéculatif continuant d'être à l'œuvre, en particulier dans les mouvements patriotiques des nations opprimées pour leur souveraineté politique.

Au total, nous découvrons aujourd'hui, en entrant dans le 3^ème millénaire :

• Que la "religiosité" du Marxisme, que l'on continue à agiter pour le flétrir, est ce qui le rend au contraire honorable à jamais ;

• Que s'il y a désormais des reproches à faire au Marxisme, c'est : de n'avoir été religieux qu'Objectivement, et non de manière consciente ; et surtout de n'avoir été QUE religieux, ce qui donnait une borne essentiellement Défensive à son combat héroïque, maintenant son Communisme dans l'horizon étroit de la Civilisation.

Nous ferons mieux et plus fort, avec le Réalisme qui se veut explicitement Matérialisme-Spiritualiste, et dont le Programme se définit clairement dans le Comm-Anar (Communisme-Anarchisme).

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Veut-on connaître la version authentique, canonique, de la "religion marxiste", que ne surent jamais donner les aboyeurs du Paganisme ? La voici :

(C'est le schéma de la Trinité Catholique, le plus connu, qui est choisi comme support.)

Dieu en son mystère est la "Matière en Mouvement", que nous ne saurions ni toucher ni voir, mais seulement penser.

TEL EST LE PÈRE.

• Dieu Intelligible à proprement parler est le "Travail" ; qu'est donc Créer, sinon Travailler ?

TEL EST LE VERBE ÉTERNEL, le Fils engendré par Lui et non pas créé.

• Ce même Logos divin s'incarne véritablement dans un Livre, "Le Capital", parole révélée de l'Économie Politique Critique.

TELLE EST LA TORAH[2] marxiste, renfermant les "Tables de l'Alliance" du Parti (Louhot Ha-Berit).

La Providence divine intervient par les arrêts rendus au moyen de la "Lutte des Classes".

TEL EST LE SAINT-ESPRIT, connexion entre le Père et le Fils que traduit le "sens de l'histoire".

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Le Marxisme comprend aussi, outre la Trinité, tout l'appareil Théologique habituel :

1- L'ÉGLISE :

• Le premier Pape du marxisme, son St Pierre, est bien connu : c'est Karl Marx en personne ; ses successeurs signalés sur la chaire apostolique sont Engels, Lénine, Staline et Mao.

• Le Clergé de l'Église marxiste se trouve groupé dans le Parti.

• Les simples Fidèles, la masse d'Israël selon l'esprit, du Peuple Élu, le Messie collectif, porte le nom de Prolétariat.

2- LE SALUT :

Le marxisme a son Apocalypse et sa Promesse.

• Le Jugement Dernier consiste dans la Révolution Mondiale victorieuse.

• Le Royaume divin attendu est le Communisme intégral, le monde sans Argent et sans Arme, le passage du "règne de la Nécessité" au "règne de la Liberté".

• La vie Monastique qui anticipe le Royaume devient la Période de Transition, durant laquelle s'applique la règle "À chacun selon son Travail", sous le régime de la Dictature du Prolétariat.

3- LES PROPHÉTIES :

Pour couronner le tout, le Marxisme prétend qu'il représente l'accomplissement des prophéties :

• Le Travail civilisé, source de richesse en Valeur, existe depuis Adam et Ève au Paradis terrestre. Seulement, nos premiers parents se sont laissés tenter par le Serpent bourgeois, et ont goûté au fruit défendu de la Propriété. De là tous les malheurs du monde : "l'Homme gagnera le pain de son ménage à la sueur de son front, et la Femme enfantera dans les douleurs du patriarcat".

• Les Dix Commandements (‛SÈRÈT HAD-D-BÂRÎM) du Sinaï londonien de Marx, condamnant absolument l'Exploitation capitaliste et l'Oppression bourgeoise, furent pourtant connus dès le lendemain de la chute originelle, des Communistes Utopistes s'étant levés dès ce jour. Mais en vain, l'Idolâtrie prévalant toujours plus au contraire, sous la forme du "fétichisme de la marchandise".

• Faut-il donc désespérer ? Non pas, car au temps marqué s'annonce enfin à présent le rétablissement de toutes choses, assuré par la prédication du Socialisme Scientifique.

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Le Marxisme est-il "juif", parce que son Hérésie panthéiste fut "judaïsante" ? Pas exactement.

Ce sont les intégristes catholiques qui s'enivrent de la version juive du marxisme, sous prétexte que Karl Marx naquit (à Trèves en 1818) de l'avocat Heinrich Marx, converti au protestantisme peu avant la naissance de son fils, mais issu d'une famille de rabbins. Sur ce, nos Lefèvristes se sont fait un devoir de nommer l'auteur du Capital : MORDECAÏ MARK LEVI ! Ce plaisant passe-temps évite à ces messieurs de traiter tout autant du Paganisme barbare que du Panthéisme communiste…

Signalons que la version juive n'est pas la seule à jeter l'anathème sur le Marxisme ; loin s'en faut ! Il y a aussi celle de Marx Franc-Maçon ! Or la Maçonnerie n'est pas en reste : ses grossiers Initiés jouent aux finassiers et instillent le message suivant : Marx, certes, fut un généreux utopiste ; "malheureusement", dans la pratique, ses idées n'ont fait qu'inspirer, et le Terrorisme libertaire, et un régime Totalitaire…

Il y a enfin une version, d'une surprenante actualité, voulant que le marxisme soit Sarrazin, Ismaélite ; bref, de l'Islam tout craché. Marie-France Garaud, candidate gaulliste aux présidentielles en 1981, lança la formule : le Khomeynintern prend la suite du Komintern (l'Internationale Communiste).

L'argument n'était pas nouveau. L'exemple donné par Bertrand Russell en 1921 vaut la peine d'être cité. Russell fut une vedette de Gauche, un pilier du "Labour Party", et néanmoins (?) fait "Lord" par sa Majesté Britannique. C'est une autorité, ce Bertrand : prix Nobel de littérature, et classé dans les Grands Savants du 20^ème siècle : Mathématologue et Philosophicien de premier plan.

"Sir" Bertrand Russell (1872-1970), donc, presque 100 ans avant Bush, l'Euroland, Jean-Paul II et Ben Laden, assimilait tout net Bolchevisme et Islamisme. Il déclara sans ambages : "la mentalité de Marx est peu différente de celle de Mahomet"…

Vraiment ! la Secte dominante du Paganisme Intégral fait flèche de tout bois ! Tous les bataillons de l'armée Obscurantiste sont mobilisés : le Cénacle dit Rationaliste, le Consistoire juif, le Synode protestant, la Curie papiste, la Loge-Mère maçonne ; tous ligués contre la Religion, son rejeton Panthéiste et le Marxisme…

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Veut-on enfin comprendre ?

Oui, l'hérésie panthéiste sensualiste fut à 100 % légitime et à 100 % Salutaire !

Karl Marx fut un nouveau Philon-le juif : ce dernier anticipa la face Empiriste du Christianisme, tandis que Marx anticipa la face Matérialiste de notre Réalisme Comm-Anar. Car c'est notre Matérialisme seul qui est réellement "juif", parce que se référant à celui de la société Parentale pré-civilisée ; celui de Marx ne l'était pas, et restait au contraire un avatar du spiritualisme.

Marx nouveau-Philon a la gloire de s'être montré le plus redoutable anti-Crémieux-le-juif, cette âme damnée de la Maçonnerie païenne "à la française".

Veut-on enfin délivrer la Terre du joug de la Caste Barbare qui pèse sur elle et, pour ce faire, distinguer une bonne fois qui sont nos VRAIS amis et qui sont nos VRAIS ennemis ?

Grand-Dieu ! il n'est que temps.

Église Réaliste - Janvier 2004

Documents

Crémieux

"La nouvelle France : le sénateur Crémieux (1796-1880). Il était de la gauche républicaine. À son enterrement, Gambetta, Ferry, Arago, et Pelletan tenaient les cordons du poêle. Il avait signé la mise en accusation du ministère Guizot. Cet homme bon, charitable, grand bourgeois, croyait à la démocratie, et non pas à la théocratie. Pendant ce temps, la religion catholique était toujours sympathisante de la théocratie."

La Revue de l'Histoire, Hors-série n° 15

Bertrand Russell

"Le bolchevisme combine les caractéristiques de la révolution française avec celles de l'essor de l'islam.

Marx a enseigné que le communisme était fatalement prédestiné à prendre le pouvoir ; cela engendre un état d'esprit peu différent de celui des premiers successeurs de Muhammad.

Parmi les religions, le bolchevisme doit être comparé à l'islam plutôt qu'au christianisme ou au bouddhisme. Le christianisme et le bouddhisme sont avant tout des religions personnelles, avec des doctrines mystiques et un amour de la contemplation. L'islam et le bolchevisme ont une finalité pratique, sociale, matérielle dont le seul but est d'étendre leur domination sur le monde."

B. Russell, Theory and Practice of Bolshevism, Londres, 1921

John Maynard Keynes

"Comment pourrais-je faire mien un credo qui, préférant la vase aux poissons, exalte le prolétariat grossier au-dessus des bourgeois et de l'intelligentsia qui, quelles que soient leurs fautes, incarnent le bien-vivre et portent en eux les germes des progrès futurs de l'humanité ? Même si nous avons besoin d'une religion, est-ce dans le flot boueux d'inepties dont débordent les librairies rouges que nous pouvons la trouver ? Un fils cultivé, intelligent et convenable de l'Europe occidentale y trouvera difficilement son idéal…

Comme toute religion nouvelle, le léninisme tire sa force non pas de la multitude, mais d'une petite minorité de convertis enthousiastes, dotés d'un zèle et d'une intolérance qui insufflent à chacun d'eux une force équivalente à celle d'une centaine d'indifférents. Comme toute religion nouvelle, le léninisme semble dépouiller la vie quotidienne de ses couleurs, de sa gaieté, de sa liberté et n'offrir comme pâle substitut que les visages de bois de ses dévots. Comme toute religion nouvelle, il persécute sans pitié ni justice tous ceux qui tentent de lui résister. Comme toute religion nouvelle, il regorge d'ardeur missionnaire et d'ambition œcuménique. [Cela] revient en fin de compte à dire qu'il s'agit là d'une religion et non d'un parti, que Lénine est un Mahomet, pas un Bismarck. Si nous voulons nous faire peur, au fond de nos fauteuils de capitalistes, nous pouvons nous représenter les communistes de Russie sous les traits de premiers chrétiens qui, menés par Attila, disposeraient de la puissance logistique de la Sainte Inquisition et des missions jésuites pour imposer une économie conforme au Nouveau Testament."

Keynes, Un aperçu de la Russie, 1925