Marc Blondel, Georges Buisson
et les assurances sociales
“Cela correspond à la tradition réformiste de Force Ouvrière. Pour nous, le grand homme de la Sécurité Sociale c’est Georges Buisson qui fut un secrétaire de la CGT, mais tendance confédérée, et qui s’est battu à l’époque contre les communistes pour imposer les assurances sociales… C’est dans cette filiation que nous nous inscrivons”.
Marc Blondel (FO), 27 décembre 1995
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[Voici ce qu’on trouve dans les Mémoires de René Belin, ancien Secrétaire de la C.G.T. (1933-1940) et ancien Ministre de Vichy (1940-1942)] :
“Il me reste à parler de Georges Buisson. Il était, lui aussi, contemporain de Jouhaux, et comme lui, portait une anachronique barbichette. L’homme était intelligent, bon vivant et, chose rare dans la maison, il avait de l’humour. Toutes ces qualités intellectuelles ne l’empêchaient pas d’être un parfait cynique. Il venait au Siège [de la CGT] après dix heures passées, allait bavarder avec l’un ou l’autre, une éternelle cigarette aux lèvres et les pouces dans les entournures du gilet. L’après-midi, il venait faire un tour, assez tard, et s’en allait une heure après, discrètement. Ainsi venait-il me voir, dans les premiers jours de mon installation.
Et comme je lui disais ma surprise de n’avoir rien à faire, il me tint le langage suivant :
“Ici, il ne faut surtout pas faire de zèle. Ça ne sert à rien. Il faut se trouver une petite spécialité tranquille et s’y tenir.
Ainsi moi, ma spécialité ce sont les assurances sociales, vues de loin. Une circulaire par ci, une petite brochure par là, quelques lignes cinq ou six fois par an, ça me suffit.”
J’en demeurai muet de saisissement. (…)
Buisson incarna à mes yeux, dès nos premiers contacts, le personnage qui avait trouvé un “job” dans le syndicalisme et qui exploitait le filon sans la moindre vergogne.”
René Belin, Mémoires
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Nous vous rappelons que nous vivons en pays occupé :
"Les murs ont des oreilles...".