www.eglise-realiste.org
Kikon-Nê Plan du site Contact Avertissement
Laïcité Acquis Sociaux Syndicats Jaunes 1848
<< Précédent - Suivant >>

Document – La C.G.T. contre les “Retraites ouvrières et paysannes”

Que la C.G.T. ait été résolument hostile à la loi en 1910 comme en 1901, c’est ce qui ne fait pas le moindre doute. La fin de l’année 1909 et le début de l’année 1910 qui voient l’achèvement des travaux parlementaires relatifs aux R.O.P. voient en même temps se développer une campagne syndicale contre la loi : circulaire invitant les organisations confédérées à se prononcer contre le projet de loi ; affiches et tracts ; meetings de protestation organisés dans plus de soixante-dix villes ; numéros spéciaux de La Voix du peuple ; affiche dessinée par Grandjouan et éditée ensuite sous forme de carte postale, etc.

Voici le texte de la seconde affiche :

Confédération Générale du Travail

L’ESCROQUERIE DES RETRAITES

De nouveau la classe ouvrière est menacée sous le prétexte des Retraites Ouvrières d’une formidable escroquerie.

Nos dirigeants veulent, par la loi actuellement en discussion au Parlement, frapper tous les travailleurs d’un impôt nouveau.

***

En effet, le projet, basé sur la capitalisation, consiste en une cotisation annuelle de 9 francs pour les hommes, 6 francs pour les femmes et 4,50 francs pour les jeunes ouvriers. Les patrons seront taxés d’une cotisation identique ; cette taxe patronale sera encore fournie par le travail exploité.

À l’aide de ces versements, l’État capitalisera annuellement :

- versements ouvriers : 80 000 000 de francs

- versements patronaux : 80 000 000 de francs

- au total : 160 000 000 de francs

qui par intérêts composés constitueront au bout de 40 années un capital de 11 milliards 500 millions de francs environ ; en 80 années, 15 milliards.

***

Que fera-t-on de cet argent ?

Cette capitalisation est pour nos gouvernements une bonne affaire financière. Elle leur permettra, en cas de conflagration internationale, de trouver les fonds nécessaires pour soutenir la guerre. L’exemple de la Caisse des Inscrits maritimes est là pour nous ouvrir les yeux.

Par six prélèvements successifs, les six gouvernements qui se sont succédés de 1740 à 1870 ont soustrait à cette caisse une somme globale de 342 000 000 de francs.

C’est encore à l’aide de cette capitalisation que l’État comblerait les vides creusés tous les ans dans le trésor public par l’augmentation croissante des budgets de la guerre et de la marine – œuvre essentielle de mort.

Où placera-t-on cet argent ?

Dans les exploitations capitalistes, comme le démontre la démarche faite auprès du Président du Conseil par le Crédit commercial et industriel.

L’argent des ouvriers servira à leur exploitation !

***

Devons-nous accepter ce projet ?

Après trente années de versements, il ne nous réserve qu’une rente de 300 à 400 francs par an, alors que sans aucun prélèvement l’État accorde aux militaires – gens oisifs par excellence – ayant accompli 15 ans de service, des retraites variant entre 700 et 1100 francs.

Combien de nous arriveront au terme exigé par la loi 65 ans ?

Pas même 600 000 sur 11 millions de travailleurs. Pas même 5 pour cent !

Ainsi, pendant treize (sic) ans nous paierons un impôt nouveau sous la forme de cotisations annuelles. Nous prélèverons sur notre budget déjà si maigre des sommes qui ne serviront même pas à procurer à nos vieux camarades d’atelier les moyens de vivre.

L’État n’assurera pendant les trente premières années, que des allocations ridicules, allant de 60 à 120 francs par an !

***

Nous devons protester énergiquement ! contre cette formidable duperie !

Il faut que nos clameurs d’indignation fassent reculer tous les parlementaires devant l’accomplissement de cette hypocrite et monstrueuse escroquerie.

Toute la classe ouvrière se doit d’assister aux meetings que la C.G.T. organise pour le samedi 12 et dimanche 13 février (…).

Dans ces meetings vous direz, travailleurs, que vous voulez des retraites, mais que vous les voulez justes, équitables et humaines.

Avec nous vous protesterez : contre les versements obligatoires, contre l’âge trop avancé de l’entrée en jouissance, contre le taux dérisoire de cette retraite. Avec nous, vous affirmerez votre volonté d’obtenir des retraites sur la base de la “Répartition”.

Parce que seule la répartition est susceptible de nous donner satisfaction ;

Parce que seule et contrairement à la capitalisation, la répartition ne constitue pas un danger pour notre avenir d’émancipation.

Affirmons nous :

Contre la Capitalisation !

Pour la Répartition !

Le Comité Confédéral

________

<< Précédent - Suivant >>

Avertissement :

Nous vous rappelons que nous vivons en pays occupé :

"Les murs ont des oreilles...".