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Document – Roosevelt et la social security

On ne cessera de le redire : chaque société a certes ses défauts, ses ignominies, même. Il est loisible à tout observateur de les décrire et de les condamner. Encore faut-il que ce soient les vrais. Or le réquisitoire habituel contre les États-Unis charrie un petit lot de lieux communs quasiment invariables, qui dénote surtout une méconnaissance du sujet que l’on espère volontaire, tant elle est grossière et serait aisée à corriger. Ainsi, répliquant à un article de Jacques Julliard, paru dans Libération (14 novembre 2001), un certain Jean-Marc Adolphe lui reproche, dans le même journal (15 novembre 2001), de considérer l’Amérique comme une démocratie, alors qu’elle n’en est de toute évidence pas une, puisqu’elle “réserve le droit de se soigner convenablement et de vieillir dignement aux plus fortunés”. Or si les Américains sont, pour la plupart, couverts par un système d’assurances dont les primes, réparties entre employeurs et employés, ne sont d’ailleurs pas supérieures à nos prélèvements sociaux obligatoires, il est tout aussi exact qu’en plus les dépenses publiques de santé représentent aux États-Unis un pourcentage du produit intérieur brut sensiblement égal au pourcentage français. Quant aux plus pauvres, ils sont notoirement couverts par un programme bien connu, appelé Medicaid ; les personnes âgées par un programme nommé Medicare, tous deux financés par de l’argent public. Certes le système de santé américain a des lacunes. Mais si le nôtre n’en avait pas, le gouvernement Jospin aurait-il été obligé de créer la CMU (Couverture maladie universelle) à l’occasion de laquelle nous avons appris que six millions de Français – soit un dixième de la population !n’avaient jusque-là aucun accès aux soins ? Quand M. Adolphe écrit qu’on ne saurait “vieillir dignement” aux États-Unis si l’on n’est pas fortuné, il entend vraisemblablement que les retraites versées sur l’argent public y sont inconnues. Or cette retraite, appelée là-bas social security, a été instituée dès les années trente par F.D. Roosevelt.

Jean-François Revel, L’obsession anti-américaine, 2002

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Nous vous rappelons que nous vivons en pays occupé :

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