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Presse – Salaire minimal : mesure libérale !

Le salaire minimal,
un garde-fou à l’histoire tourmentée

La mise en place d’un salaire minimal en France remonte à 1950.

Mesure libérale à l’origine, il est devenu un acquis social.

L’instauration d’un salaire minimal est d’abord une mesure… de droite ! C’est en contrepartie du retour à la libre négociation des salaires que la loi du 11 février 1950 sur les conventions collectives a instauré le SMIG (salaire minimal interprofessionnel garanti). Ce texte consacrait la fin du blocage, depuis 1939, des salaires. Les communistes, socialistes et républicains populaires ont d’ailleurs voté contre le projet de loi. La philosophie libérale de la réforme est incontestable. La mesure n’est pas envisagée comme une protection pour les salariés mais comme une liberté plus grande pour l’employeur de fixer la grille de rémunération, tout en ne pouvant aller en deçà d’un certain seuil. Elle s’inscrit dans le droit fil de la convention de 1928 de l’Organisation internationale du travail, qui stipulait que l’État ne doit intervenir que “s’il n’existe pas de régime efficace de fixation des salaires” par la négociation entre les partenaires sociaux. L’évolution du SMIG n’est alors indexée que sur l’indice des prix à la consommation. En janvier 1968, son taux horaire est de 2,22 francs (0,34 euro), soit le tiers, en francs constants, de ce que sera le SMIC en 1996. Il ne s’applique ni dans tout le pays ni dans tous les secteurs d’activités. Seuls 2 % des salariés sont concernés par le salaire minimum.

Quelques mois plus tard, les événements de mai 1968 aboutissent aux accords de Grenelle, qui revalorisent le SMIG de 35 % et l’étendent à toute la France. En 1969, ce sont 7 % des salariés qui bénéficient du SMIG. Le 2 janvier 1970, le SMIG laisse sa place à deux institutions distinctes : le minimum garanti, son héritier, qui sert aujourd’hui d’étalon pour le calcul de certaines allocations, et le SMIC, ou salaire minimum interprofessionnel de croissance. La doctrine qui inspire le SMIC est bien différente de celle du SMIG. Alors que celui-ci n’avait été qu’un minimum vital, une monnaie d’échange contre la libéralisation des salaires, le SMIC se veut un élément essentiel de la protection des salariés, en lui permettant, selon les termes de la loi, de “participer au développement économique de la nation”.

Son mode de calcul s’en ressent. Outre le niveau des prix, son montant est fixé en fonction de l’évolution du salaire ouvrier moyen. Au 1er juillet 1970, son taux horaire est fixé à 3,27 francs (0,50 euro). Depuis, il est revalorisé chaque 1er juillet et peut bénéficier de coups de pouce. Entre 1970 et 1979, le SMIC va en moyenne être revalorisé de 3,3 % chaque année. La gauche au pouvoir augmentera le salaire minimum de plus de 16 % sur la seule année 1981. Les périodes de cohabitation qui verront le retour de la droite aux affaires seront des années de stagnation du taux horaire, faisant repasser le SMIC sous la barre des 50 % du salaire moyen. Au-delà de ces chiffres, le SMIC, ce sont plus de 2,6 millions de personnes à qui le gouvernement Raffarin a refusé en juillet dernier tout coup de pouce en plus de la revalorisation légale.

L’Humanité du 7-8 septembre 2002

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