www.eglise-realiste.org
Kikon-Nê Plan du site Contact Avertissement
Laïcité Acquis Sociaux Syndicats Jaunes 1848
<< Précédent - Suivant >>

Presse – Trop d’idées fausses sur les suicidaires

Triste constat au niveau européen : en Belgique et en Finlande, le suicide figure dans les toutes premières causes de décès. Au-delà des raisons profondes motivant les actes suicidaires, le magazine bruxellois Test-Santé s’est penché sur les problèmes de prévention.

L’enquête de Test-Santé sur le suicide – portant sur un échantillon de 13 356 personnes dans 4 pays – révèle que 42 % des individus ayant été traversés par des idées suicidaires n’auraient jamais parlé de leur désespoir à un médecin ou même à un proche. Ce bilan soulève un problème important : des idées non fondées et largement répandues sur le suicide tendent à banaliser le phénomène dans l’opinion publique. Ainsi, 45 % des personnes interrogées sur leur perception des comportements suicidaires considèrent que la plupart des candidats au suicide ne passent pas à l’acte. Or des études scientifiques ont montré que cette perception ne correspondait pas à la réalité des comportements. Selon Test-Santé, elle devrait même être combattue, car elle empêche une prévention efficace.

L’étude révèle une autre idée fausse : les tentatives de suicide serviraient avant tout à attirer l’attention sur soi. En réalité, une partie importante des candidats au suicide considèrent que la mort est la seule issue possible à leur problème. Certes, selon le Pr. Ansseau, psychiatre au CHU de Liège, “près d’un tiers des personnes qui ont tenté de se suicider et que nous recevons chez nous cherchent avant toute chose à faire passer un message de détresse. Mais ces cas-là ne doivent pas être négligés : il y a un malaise qui est exprimé et qu’il nous faut comprendre. De plus, chercher à attirer l’attention sur soi par une tentative de suicide peut se révéler extrêmement dangereux.”

Toute idée ou tentative de suicide doit donc être prise très au sérieux. L’enquête menée par Test-Santé montre que le suicide est encore trop souvent mis sur le même pied que d’autres problèmes, comme l’alcool ou la drogue. Dans la plupart des cas, l’irréversible peut être évité par une meilleure prévention. C’est le message que veut faire passer le magazine : bannir les idées fausses sur le suicide et bien réagir en présence d’une personne en détresse constitue la meilleure des préventions. Quand des signes avant-coureurs se présentent, il est conseillé de parler et surtout d’être à l’écoute. Au-delà, les proches seuls ne peuvent endosser la responsabilité du sauvetage ; la prévention passe alors par les professionnels de santé mentale qui pourront proposer une aide psychologique.

Une bonne prévention passe aussi par un changement de la société”, rajoute Michel Mercier, professeur de psychologie médicale à la faculté Notre-Dame de la Paix, à Namur. “De nos jours, on fait miroiter aux jeunes l’image d’une société idéale, alors qu’elle ne leur assure pas d’avenir. Avec le chômage, les études de plus en plus longues sans perspectives d’emploi, les jeunes doivent affronter des conditions de vie difficiles. La prévention contre le suicide, c’est aussi là qu’il faut la mener.” Cette déclaration a d’autant plus de sens qu’en Belgique le suicide fait plus de victimes que les accidents de la route et qu’il est la première cause de mortalité chez les hommes de 25 à 45 ans, et la deuxième chez les jeunes de 15 à 25 ans.

Courrier international, 18 novembre 2003

________

<< Précédent - Suivant >>

Avertissement :

Nous vous rappelons que nous vivons en pays occupé :

"Les murs ont des oreilles...".