Lorsqu’il apprit la nouvelle lundi soir, M. Léon Jouhaux demanda aux journalistes de bien souligner que pour la première fois “on décernait le prix Nobel de la paix à un militant ouvrier”. Selon certains commentaires, la commission du prix Nobel aurait surtout voulu récompenser “la longue lutte menée par M. Jouhaux pour soustraire le mouvement syndical international à l’influence communiste”.
C’est d’ailleurs sous son titre de président de la Confédération internationale des syndicats libres que le lauréat a été désigné. Quelques-uns de ceux qui virent en lui, aux grandes heures du Front populaire, le symbole du “révolutionnaire” n’en concevront-ils pas quelque surprise ?
Toute sa carrière syndicale fut pourtant dominée par cette volonté d’indépendance : elle l’opposa à Briand, devenu “briseur de grève” ; elle lui fit en 1921 accepter la scission de la CGT contre les communistes ; elle le poussa à refuser un portefeuille dans le cabinet Blum – pas cependant le poste de régent de la Banque de France nationalisée, et qui, conquis sur les “deux cents familles”, pouvait être considérée comme victoire ouvrière ; elle l’amena en 1947 enfin à provoquer la scission de la CGT contre M. Benoît Frachon.
Aujourd’hui âgé de soixante-douze ans, la moustache et les cheveux gris, vivant dans le cadre distingué et ouaté du Conseil économique, dont il est le président, M. Jouhaux rappelle difficilement pour ceux qui ne le connurent pas le tribun au verbe sonore, persuasif par sa vitalité et sa force autant que par l’argument.
Le Monde, 7 novembre 1951
(publié dans le magazine interne de la F.O., mars 2002)
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[Pour comparaison :]
Malcolm X,
à propos d’un autre Prix Nobel !
“Martin Luther King est un homme “responsable” aux yeux des Blancs. C’est normal. Quiconque invite les Noirs à tendre l’autre joue, à pratiquer la non-violence, à se montrer passifs en face des brutalités dont ils sont l’objet, fait preuve de “responsabilité” à l’égard du système et est en partie coupable de ces brutalités. Le but est clair : il s’agit de nous empêcher de riposter à la violence que nous subissons. Cela a valu le prix Nobel de la Paix à Martin Luther King. Si on m’offrait le prix Nobel, je me suiciderais.”
Malcolm X, une semaine avant son assassinat
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[Le saviez-vous ?]
Monsieur Nobel
Il mérite d’être mieux connu ! Roi de la nitroglycérine, qui “révolutionna l’industrie des munitions”, bien investi dans les pétroles de Bakou, “pionnier des trusts industriels” !
Ce n’est pas tout ! Le roi de la dynamite proposa au préfet de Paris de créer un “hôtel des suicidés”, où les “hôtes” pourraient recevoir un bon repas avant de mourir “d’une façon rapide et indolore”…
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Nous vous rappelons que nous vivons en pays occupé :
"Les murs ont des oreilles...".