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Syndicats :
Les affranchis du parasitisme

L’ordre planétaire néo-barbare, dans sa forme occidentale, ne saurait se maintenir par le seul parasitisme économique appuyé par le despotisme politique. Il lui faut, de toute nécessité, trouver le moyen de retourner l’intelligence et la force du peuple contre lui-même, se servir de la corruption même de la société civile comme d’une arme. C’est ce que la tradition coloniale nomme “l’administration indirecte”, c’est-à-dire l’utilisation perverse d’“auxiliaires indigènes”, ou utilisation des éléments les plus lâches et les plus vénaux du peuple, que l’on qualifie pompeusement d’“élite indigène”, d’éléments “évolués” ou “fidèles”.

La fonction capitale d’“auxiliaires” du parasitisme économique occidental ce sont les “forces de gauche” qui la remplissent, et tout spécialement ce qu’on appelle frauduleusement le “syndicalisme de paix sociale”, organisation systématique de la démagogie et du servilisme, prisée par les maîtres néo-barbares sous le nom de “partenaires sociaux”.

Il faut certes avoir du courage pour dénoncer la horde des sous-parasites syndicaux comme la première ligne de défense de la néo-barbarie occidentale ! Dans les milieux de la gauche prostituée, c’est même le pire sacrilège qui puisse être commis que de désigner les hauts-fonctionnaires syndicaux comme de vulgaires marabouts du parasitisme économique, du parasitisme de l’État-Patron en premier lieu. Mais il faut bien appeler un chat un chat ! Si nous ne voulons pas périr sous cet ordre occidental fait d’humiliation morale et d’insécurité pour le peuple, si le peuple veut affirmer sa fierté et sa dignité, combattre pour son indépendance civile, il est absolument nécessaire de mettre franchement le doigt sur la plaie et de stigmatiser audacieusement la dépravation du fameux “syndicalisme de concertation”. Il n’y a aucune perspective possible de conquête de la citoyenneté sociale pour le peuple tant que nous ne serons pas délivrés de l’emprise du pur et simple carriérisme social”, du syndicalisme “collaborateur” du parasitisme dominant. Toute cette horde de “négociateurs” professionnels, qui prétend faire métier de “nous défendre”, le Code du Travail à la main et la rengaine des “avancées sociales” ou “acquis sociaux” sans cesse accumulés aux lèvres, ces gens ne font finalement que perfectionner la division et la démoralisation du salariat, outre le fait que le réseau inflationniste des “planqués” qu’ils se font accorder au passage pour leurs loyaux services, ne font qu’alourdir la charge que le parasitisme dominant fait peser sur le peuple.

Que l’on s’y prenne comme on veut : il n’y a qu’en crevant l’abcès du faux syndicalisme, sans hésitation, qu’on peut y voir clair dans toute notre histoire sociale depuis 150 ans, qu’on peut trouver la clef de nos combats passés systématiquement avortés. Il nous faut suivre, d’un côté la marche de nos aspirations et sacrifices, en 1848, 1871, 1920, 1936, 1945 et 1968, et de l’autre côté la lignée des pharisiens promus bonzes syndicaux, qui ont dévoyés ces aspirations et sacrifices : Tolain, Pelloutier, Griffuelhes, Jouhaux, Saillant et Séguy.

Et quoi ! Bien sûr qu’il y eut des combats finalement incessants du salariat pour l’émancipation sociale, et qu’une précieuse expérience se trouve amassée à cet égard ! Mais ce dont il faut bien se convaincre est ceci :

C’est systématiquement à l’insu et contre même l’engeance des larbins syndicaux que ces mouvements se sont déclenchés, ces derniers n’ayant toujours fait que “prendre le train en marche”, comme on dit en Mai 68, s’arrogeant au passage le titre de “porte-paroles des travailleurs” et ceci pour faire tourner le mouvement en “queue de poisson”.

Ce que les salariés et le peuple tiennent pour “sacré” dans cette chaîne de combats successifs, c’est en vérité leur phase initiale, celle où précisément les domestiques syndicaux du parasitisme se trouvaient “dépassés par les événements”, brève période de quelques jours en fait, où le peuple était tout à la joie, non pas des “accords signés” ultérieurs, mais simplement d’avoir passagèrement suspendu le cynisme des parasites de l’Entreprise et le sadisme des despotes du Gouvernement.

Parlons-en, précisément, de ces “accords” finaux qui furent systématiquement le signe de la désillusion populaire ! À chaque fois il s’est agi de la même vilenie, lassante par sa grossièreté : d’un côté, on “négocie” pour la masse traitée comme une misérable foule de mendiants, dont on mesure le “minimum vital”, et qui doit rentrer dans le rang comme un troupeau d’animaux domestiqués ; de l’autre côté, la bande des fantoches syndicaux se fait payer par la multiplication des “délégués” spécialement “protégés”. Ainsi, tandis qu’on revoit à la baisse de façon ordonnée, la ration des salariés, relativement à la productivité historique du travail, on développe, dans la foulée, de façon cancéreuse, l’encadrement oppressif de ces mêmes salariés par la prêtraille syndicale à la charge de la collectivité. Voilà ce qu’il en est des “acquis sociaux”, vus du côté amer de la conclusion de chacune des luttes du passé, quand la “liesse populaire” du début se trouve étouffée par la défaite et la trahison.

La dénonciation ouverte du fonctionnarisme syndical comme une véritable institution de satellites du parasitisme économique dominant, avec toutes les prébendes qui y sont rattachées (comités d’entreprise, villages de vacance, secteur mutualiste, maisons de la culture, etc.) constitue un véritable tabou de notre ordre néo-barbare. De cette forme essentielle de la décomposition civilisée, tout le monde en est pourtant témoin dans les profondeurs du peuple : qui n’a point vu certains payer leur “timbre” en vue d’obtenir un coup de “piston” quelconque, ou d’autres priser le poste de “délégué” dans le seul but de s’offrir des “heures de délégation” ou un “stage” plus ou moins fictif qui permettent le partage des loisirs en attendant celui du travail ! La corruption syndicale, qui prend figure d’un auto-asservissement pour la masse des salariés aux effets démoralisateurs à l’extrême, n’est cependant évoquée par aucune des candidatures politiques qui se proposent à nos suffrages ; ceci manifeste le degré de gravité de la déchéance morale auquel nous sommes parvenus.

Faudra-t-il attendre que des forces extra-parlementaires, les “extrémistes” anarchistes ou néo-nazis, mettent le problème sur le tapis ? Ce serait alors, hélas, trop tard et sans aucun profit…

Il est un vieux dicton qui conseille à chacun de “balayer devant sa porte” préalablement à l’émission de tout grief envers autrui. Il est évident que rien ne sera jamais obtenu dans le sens de l’émancipation sociale, laquelle ne peut être que l’œuvre du peuple lui-même, si on ne proclame pas l’impérieuse nécessité d’épurer les syndicats, qui se veulent les organes mêmes du combat que doit mener le peuple salarié. À quoi bon, par exemple, à l’occasion des élections, parler d’un “troisième tour social”, si le salariat est dépourvu de toute organisation qui le représente réellement ? Dans ce cas, ou bien l’on fait implicitement l’apologie des organes actuels de sous-parasites syndicaux, ou bien on fait appel de façon irresponsable au déchaînement de mouvements “sauvages”.

L’épuration des syndicats n’est pas, avant tout, une affaire qui concerne l’existence de “permanents” ou non ; c’est principalement la question de l’orientation syndicale elle-même. Il s’agit de rompre de manière décisive avec le syndicalisme prostitué au parasitisme dominant, que la tradition salariale respectueuse d’elle-même a toujours désigné comme syndicalisme de “collaboration de classe”. Il faut rompre de manière décisive avec le juridisme servile qui propage l’idée de “la table de négociations” où l’on marchanderait d’égal à égal avec les grands parasites qui dominent l’économie, sous l’arbitrage prétendument “impartial” de l’État. Autrefois, quand un roturier plaidait avec un grand, on disait : “C’est le pot de terre qui heurte le pot de fer”. Il serait bon de retrouver cette sagesse première, et de cesser de nous seriner des boniments.

Il faut cesser de conclure un mouvement revendicatif par une trêve obligée en nous faisant passer cela comme une victoire effective. Terminons-en avec des mouvements qui ont pour objectif, d’une part de sanctionner la dépréciation des salaires, envisagés en termes de “relèvement du S.M.I.C.”, avec pour contrepartie la seule extension du carriérisme syndical.

• En 1936, les fameux accords “Matignon” ont ainsi, d’une part institué des “délégués” dans les établissements comportant plus de 10 ouvriers et, d’autre part, produit un ajustement des salaires immédiatement rongé par l’inflation, et une réduction d’horaires annulée par les heures supplémentaires. Cela, pour courir aussitôt aux réquisitions et au rationnement de la guerre, et à l’applaudissement massif de la “révolution nationale” de Pétain ! Et c’est ce qu’on nous claironne comme les “grandes conquêtes” du Front Populaire !

• En 1968, les accords de “Grenelle” présentèrent la même chose en pire. Pour la masse des salariés, on s’en tint à un aménagement du “taux horaire du S.M.I.G.”, les journées de grèves devant être récupérées. Pour la clique des affranchis syndicaux, on offrit la “liberté de constitution de sections syndicales d’entreprise”, avec “protection des délégués assurée”, “un crédit attribué aux délégués” et un “congé éducation payé pour les délégués”… L’ami Georges Séguy pouvait se glorifier de “l’étendue des succès revendicatifs remportés” !

Epurer les syndicats exige de renouer avec la véritable tradition de la classe salariée, remettre à l’honneur la fierté des salariés, gage de leur solidarité. Il suffit pour cela de se rappeler en quels termes le 7ème Congrès de la C.G.T. (Montpellier – 1902) adoptait l’Article premier des Statuts, celui-là même, donc, qui exprime la raison d’être fondamentale du syndicat :

Art. 1 : La C.G.T. a pour but :

1- Le groupement des salariés pour la défense de leurs intérêts moraux, matériels.

2- Elle groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat.”

Qu’advint-il de cet Art. 1 des statuts de la C.G.T. ? Il fut éliminé au 37ème Congrès de la C.G.T. (Vitry – nov. 1969). À ce moment, le tripotage Séguy-Pompidou qui mit fin à Mai 68 venait d’avoir lieu, et la bourgeoisie rouge du P.C.F., maîtresse de la C.G.T., chantait “Quand nous serons ministres”. Il y avait donc urgence de transformer la C.G.T. en machine électorale pour politiciens respectables. C’est ainsi que la bureaucratie confédérale de la C.G.T. pondit un nouvel Art. 1 des Statuts, entortillé à souhait :

Art 1 : La C.G.T. a pour but :

La suppression de l’exploitation capitaliste, notamment par la socialisation des moyens de production et d’échange.”

Si l’on n’y prend garde, au premier abord, on se demande pourquoi le changement de formulation apparut comme une affaire d’État ! C’est qu’il faut lancer de la poudre aux yeux de la masse des salariés, ne pas paraître se renier, mais seulement adopter un vocabulaire plus “moderne”. Les parasites dominants et les “grands commis” de l’État, eux, savent lire entre les lignes, savent de quoi il retourne réellement, se comprennent à demi-mot. D’ailleurs, pour qui a deux grains de cervelle, il n’est que de se rapporter aux commentaires faits au Congrès de Vitry pour lever le lièvre du capitalisme bureaucratique qui se cache derrière l’aménagement apparemment anodin des Statuts, malgré la “gêne” évidente des intervenants :

André Bertellot : La modification des Statuts est une “mise au point en vue de moderniser les structures et les adapter aux conditions nouvelles” ; c’est une “rédaction plus claire”. Il s’agit d’en finir avec “les formules creuses”, le “verbiage soi-disant révolutionnaire”. Le bonze syndical clame que le but est de construire enfin un syndicat “de classe” ! La “socialisation” évoquée, voyez-vous, “n’exclue pas l’éventualité d’étapes intermédiaires, d’où le document d’orientation et son annexe consacrés aux nationalisations”. “Certains carcans remontant à l’origine de la Confédération ont éclaté, l’expérience conduit à faire des modifications allant dans le sens du renforcement de la démocratie syndicale”. Devenue sérieuse, la C.G.T. n’exclue plus, désormais, grâce aux nationalisations, des “étapes intermédiaires vers le socialisme”.

René Buhl : “À la forme vieillotte de la disparition du salariat et du patronat, nous avons substitué la disparition de l’exploitation notamment par la socialisation. Dans cette voie, les nationalisations démocratiques constituent une étape décisive mettant un terme à la domination des monopoles les plus puissants.”

Que de contorsions, pour dire que la C.G.T. veut les nationalisations, mais sans le dire directement dans les Statuts ! Et, bien sûr, les nationalisations sont présentées comme une des étapes multiples intermédiaires qui doivent précéder le socialisme, mais en même temps on nous chante que les nationalisations brisent immédiatement la domination des monopoles !

Que dire d’un tel jargon qui pue l’escroc intellectuel ! Il y a vraiment du travail si on veut faire le ménage dans le mouvement syndical ! Mais a-t-on le choix ? Et, après tout, le salariat en a vu d’autres.

La corruption syndicale constitue la véritable assise civile de la Nouvelle Barbarie occidentale. Mais cette écume des esclaves salariés, dont le seul rôle est de dévoyer le mouvement vers l’émancipation sociale, doit être relayée dans son action par les organes proprement politiques de la démocratie dictatoriale que représentent les partis de “Gauche”.

Parallèlement donc à la généalogie des bonzes syndicaux, on voit opérer successivement depuis 150 ans la lignée des démagogues de gauche qui gesticulent sur les tribunes électorales, se rendant habilement “indispensables” au système néo-barbare en période critique, et sachant au besoin mettre sur pied une “garde mobile” destinée à réduire les îlots de contestataires obstinés. C’est ainsi que nous pouvons suivre la lignée des rhéteurs cyniques qui ont ponctué les désillusions populaires depuis 1848 : Garnier-Pagès, J. Favre, Gambetta, Clémenceau, Jaurès, Blum, Mendès France, Thorez.

La crise générale de l’ordre civilisé, qui s’approfondit depuis 150 ans, s’accompagne ainsi du perfectionnement de la démocratie dictatoriale, elle-même reflet du renforcement du capitalisme parasitaire ; et l’ordre civilisé en décomposition, marchant à toute allure vers le despotisme gouvernemental pur et simple, expression du capitalisme d’État pur et simple, montre la montée continue de la gangrène des “affranchis” du capitalisme parasitaire par la voie des syndicats et des partis de gauche. Ceci est de plus en plus net depuis 1945, depuis que le capitalisme parasitaire a pris la forme ouverte du capitalisme bureaucratique, depuis que l’État-Patron s’est élevé au premier plan. L’ère actuelle des “organisateurs”, des “managers”, pousse en effet, à l’extrême, la nécessité de l’administration indirecte du régime par le moyen d’une Nomenklatura et de sous-parasites de tous genres.

Le système global de la néo-barbarie dominante, appuyé sur la corruption syndicale et la démagogie des partis de “gauche”, trouve ses thuriféraires adéquats pour l’encenser affectivement. Ce sont peut-être, finalement, les-dits littérateurs et artistes décadents, auxquels on décerne inévitablement le “Nobel”, quand on ne les voiture pas solennellement au Panthéon, qui sont les individus les plus redoutables. Il est véritablement de salut populaire que nous parvenions à nous délivrer de l’emprise affective de ces faux amis du peuple, depuis Victor Hugo jusqu’à Albert Camus, en passant par Zola, Anatole France, Victor Margueritte et Aragon. Il faut de toute nécessité que la créativité populaire réussisse à produire une désintoxication culturelle décisive, qu’elle disqualifie ces professionnels de la pitié condescendante, apprêtée à la sauce laïque, véritables spéculateurs en misère du peuple. Il faut qu’un discrédit général parvienne à ces gens qui font commerce de kilomètres de feuilleton mélo-misérabiliste. Il faut que l’on découvre que ces œuvres sont un véritable poison, qu’elles couvrent un réel et profond mépris du peuple, en même temps qu’une attirance secrète malsaine pour la canaille et le monde interlope. Ce n’est pas ainsi que se présente la véritable moralité et une forte sensibilité, digne, respectueuse, retenue, qui ne “compatît” pas mais se raidit en une sainte colère.

La gangrène des “affranchis” du capitalisme parasitaire actuel est caractéristique de la crise finale de l’ordre civilisé que nous vivons. La civilisation a connu des phénomènes analogues, en moins “définitif” lors des deux effondrements intercalaires qui ont marqué son développement : À la fin du monde antique et à la fin du moyen-âge.

La décomposition du monde gréco-romain s’accompagna, on le sait, de l’invasion des “affranchis” dans l’ensemble du corps social.

L’époque romaine classique avait été marquée par l’ascension des citoyens romains non nobles, les plébéiens, qui s’imposèrent dans l’État face aux vieux patriciens. L’élévation de la plèbe s’effectua de la façon suivante : un plébéien se choisit un patricien comme protecteur, l’un devenant le “patron” et l’autre le “client”. La décadence de Rome se déclara quand on en vint à admettre des esclaves “patronnés”, ce qui est la définition des affranchis. C’est sous le règne de Claude (41-54) que les affranchis envahirent le Sénat et les hautes charges. Certains devinrent très riches, mais, jusqu’au bout, les affranchis se signalèrent au mépris général d’en-haut et d’en-bas, pour leur servilité, leurs crimes et leur avidité. N’oublions pas que l’affranchi est celui qui “reçoit” de son maître la liberté ! Le maître remettait en public le bonnet d’affranchi à son esclave, et déclarait devant le préteur : “Je veux qu’il soit libre”. Napoléon Bonaparte rappelait fort à propos le “caractère déshonnête et bas” de l’affranchi.

Des figures honteuses d’affranchis nous sont restées en mémoire de la décadence romaine : Narcisse, l’affranchi de Claude, Pallas, le concurrent impitoyable du précédent, et le frère de ce dernier, Félix, ces deux-là s’étant “illustrés” sous Néron.

Il est tout à fait significatif que l’affranchi Félix, fait gouverneur de Judée, s’y rendit odieux par ses exactions, cruautés, débauches, la terreur qu’il y organisa. C’est lui qui trama l’assassinat du grand-prêtre juif Jonathan, et qui fit emprisonner Saint Paul. En effet, toute la question est là : l’esclave affranchi peut sembler manifester l’émancipation sociale effectuée par l’ordre romain lui-même, alors qu’il n’illustre que la décomposition de cet ordre usé ; au contraire, c’est le chrétien Saint Paul, persécuté par ces mêmes affranchis, qui représente l’issue réelle à la crise finale du monde antique. Au cours des révolutions de palais de la Rome décadente, César obligeait parfois de grands affranchis à se suicider. Qu’est devenu Bérégovoy !

La décomposition du monde médiéval, du Saint Empire chrétien papiste, montre un phénomène tout à fait comparable.

L’époque féodale classique avait été marquée par l’ascension de la noblesse de “robe”, celle des “légistes” et parlementaires, qui s’imposa dans l’État face à la vieille noblesse d’épée, les “barons” primitifs. La décadence de la “république chrétienne” latine se déclara quand on en vint à recourir à des serfs affranchis pour défendre le système des ordres privilégiés contre la pression du tiers-état, des roturiers. Dans cette situation de décomposition de l’ordre féodal, une masse de serfs deviennent de purs “gueux”. C’est parmi cette écume des gueux, en même temps que chez des aventuriers recrutés dans la noblesse déchue, que l’on organise une armée de sous-parasites qui manifeste la corruption finale du régime. Ainsi se signalent, après 1350, une horde de Baillis, Ecuyers, Pages, qui seront l’objet de la haine de la paysannerie roturière acculée à la “Jacquerie”. Ces affranchis de la décadence gothique, qu’on nommera “quasi-gentilshommes”, “viles personnes” inférieures aux “valets”, sont en fait les ennemis jurés de la bourgeoisie moderne qui affirme sa maturité historique à partir de l’insurrection d’Étienne Marcel. “Les valets d’un homme méchant sont pires que leur maître”, dit le proverbe. Ce ne sont pas de tels parvenus, sur le terrain de la décomposition féodale et attachés à cet ordre à l’agonie, qui représentent la marche irrépressible de la bourgeoisie moderne, mais ce sont leurs opposés directs, les “réformateurs” roturiers constitués à partir de Wyclif et Jean Hus, menant à Luther.

À notre époque de crise finale de l’ordre civilisé, ce sont les “affranchis” du salariat, ceux que représentent depuis 150 ans l’“aristocratie ouvrière”, sous-parasites syndicaux en tête, qui s’avèrent les ennemis jurés de la cause de l’émancipation du travail. Ce ne peut être qu’en face de cette bande de “kapos” du salariat, et contre eux, que peut se forger la véritable avant-garde du salariat : la tradition de combat pour la République Sociale le démontre suffisamment ! L’aristocratie ouvrière se distingue par l’opportunisme et la démagogie ; l’élite salariale se distingue par le désintéressement matériel et l’exigence intellectuelle.

Extrait de “L’Indigène et le Plébiscite”, Église Réaliste, mai 1995

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